1970, année de la nature. Comment marquer l’événement sinon en créant une réserve naturelle dans la Vallée de Tavannes ? A cet effet, « L’Alouette», nouvelle société pour l’étude et la protection des oiseaux, fut fondée à Sorvilier. Les ornithologues convoitaient depuis longtemps un terrain marécageux, menacé d’être drainé, au lieu-dit « Les Chaufours ». Le site étant reconnu favorable pour l’aménagement d’un biotope humide par l’Inspection cantonale pour la protection de la nature, des pourparlers ont été engagés avec la Bourgeoisie de Sorvilier, propriétaire du terrain, pour acquérir la parcelle. En 1973, l’Assemblée de bourgeoisie acceptait de mettre ce coin de terre à disposition de « L’Alouette» pour une somme symbolique de mille francs.
Comment concrétiser cette réserve ? L’idée première était d’ériger des petits barrages sur le ruisseau qui traverse le site pour aménager trois étangs. Sur proposition de l’ancienne Commission de la protection de la nature de l’ADIJ et du prof. J. –Cl. Bouvier, le projet prit rapidement une ampleur dépassant l’attente des initiateurs. Il n’était plus question de trois petits étangs, mais d’un seul grand plan d’eau retenu par une véritable digue. L’armée est venue en aide aux ornithologues pour creuser la cuvette. Bien des soldats ont quitté leur cours de répétition avec la satisfaction d’avoir œuvré en faveur de la nature. Après le départ de la troupe, c’est une entreprise de la vallée qui termina rapidement l’ouvrage. Les finitions, la mise en place de la vanne de vidange et les plantations dans et autour de l’étang se sont déroulées sous une pluie battante dans des conditions pénibles. De l’eau et encore de l’eau. En un mois, l’étang était plein.
Quel résultat ! L’hiver a cicatrisé les plaies du chantier et, dès le printemps suivant, la nature a fait valoir ses droits. Les premiers oiseaux aquatiques, tels que foulques, poules d’eau, râles d’eau, chevaliers culblanc, bécassines, canards colverts et hérons cendrés, ont très vite trouvé le chemin de la réserve. Les plantes et les fleurs des lieux humides se sont tout de suite développées. Le populage des marais, la massette à larges feuilles, la reine-des-prés et la linaigrette sont les premières espèces d’une liste qui va progressivement s’allonger. La haie plantée est aujourd’hui en pleine prospérité. Une tour de sept mètres de hauteur a été érigée à proximité de l’étang. Elle permet de faire de belles observations d’oiseaux, d’insectes et de plantes sans pénétrer dans le secteur clôturé, donc sans perturber le délicat équilibre du milieu. Cette construction sert également à l’entreposage du matériel d’entretien de la réserve. La réserve naturelle des Chaufours, créée de toute pièce, est devenue un joyau de la nature dans le Jura bernois.
Cette réserve a été aménagée sur l’ancien cours de la Birse, canalisée depuis longtemps entre Sorvilier et Court. Elle se compose de deux parties éloignées l’une de l’autre de quelque 350 m. A l’ouest le «Cornez de la Mairie», petite mare située sur un ancien dépotoir, et, à l’est, «La Vieille Birse» proprement dite avec son vaste étang. Les deux plans d’eau de cette zone protégée lui donnent une grande valeur écologique. A part l’étang des «Chaufours» localisé dans un petit vallon parallèle, il n’existe pas d’autres surfaces d’eau libre de cette importance dans la Vallée de Tavannes.
De fait, ces deux biotopes humides offrent des possibilités uniques de repos et de couvaison aux palmipèdes. On a d’ores et déjà pu y constater la présence de différentes espèces de canards et de limicoles. Ces lieux sont volontiers fréquentés par le héron cendré. Les oiseaux d’eau visitant alternativement «Les Chaufours» et «La Vieille Birse», ces deux réserves naturelles constituent ainsi les pièces interconnectées d’un petit réseau. Les batraciens et les invertébrés vivent et se reproduisent en toute tranquillité dans ce dernier milieu. Il n’est pas rare d’observer des limnées, de taille respectable, dans la végétation immergée. Les zones riveraines se sont recouvertes petit à petit de scirpes des bois, de laîches rousses, d’alpistes roseaux et de glycéries plissées, autant de plantes palustres que l’on reconnaît facilement. La possibilité de régler le niveau d’eau au moyen d’un système de vidange permet en hiver de dégager une zone marécageuse peu humide à l’ouest ; au printemps et en été, ce secteur est submergé. Cette variation contrôlée du niveau d’eau est propice au développement des grandes laîches. La réserve naturelle de « La Vieille Birse » ne se compose pas seulement de zones humides : des haies, des bosquets, un pré marécageux et une prairie plus sèche diversifient le milieu.
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